Plus d’étudiants et moins de moyens : la difficile équation de l’université française

Qui a déjà fréquenté l’université française, que ce soit comme étudiant.e ou en y ayant travaillé, sait que les conditions d’enseignement et de travail y sont, disons, délicates… Et ça ne va pas en s’arrangeant.

Qui a déjà fréquenté l’université française, que ce soit comme étudiant.e ou en y ayant travaillé, sait que les conditions d’enseignement et de travail y sont, disons, délicates… Et ça ne va pas en s’arrangeant.

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Entre 2012 et 2016, le nombre d’inscrits a augmenté de 160.000 étudiants (voir l’article en bas de page), soit quasiment +11%.

Sur la même période, d’après Thomas Piketty le budget total alloué à l’enseignement supérieur (qui comprend les universités, mais pas seulement) a augmenté d’un peu plus de 3% ; si l’on neutralise l’effet de l’inflation (en prenant les prix de 2018 comme référence1Bien que l’article de Piketty ait été publié fin 2017, le recours aux prix de 2018 est très certainement justifié par le fait que son article discutait le budget de 2018. Il a donc dû faire une hypothèse sur ce que seront les prix de 2018. Toutefois, les prix étant stables dans la zone euro c’est une hypothèse qui ne me choque pas – même si personnellement, je me serais contenté des derniers chiffres d’inflation connus.), on arrive même à une… baisse de quasiment -1%.

Sans surprise, compte tenu des deux précédents graphiques le budget par étudiant n’a pu que diminuer : un peu plus de -6,5% hors effet de l’inflation (euros courants), et on tombe à un peu plus de -9,5% si l’on neutralise l’inflation…

Deux remarques sur les données et calculs de Thomas Piketty :

  1. ils portent sur tous les étudiants du supérieur, pas seulement ceux de l’université. Il faudrait notamment avoir le budget de l’université seule pour complètement répondre à la question posée dans le titre de ce lien partagé2J’ignore si c’est une information facile à obtenir.
  2. Thomas Piketty s’était engagé en faveur de Benoît Hamon au cours de la campagne présidentielle de 2017 et a beaucoup critiqué François Hollande lorsque ce dernier était Président. Pour cette raison, il faut prendre ses calculs (et surtout les choix sous-jacents) avec une bonne dose de recul. C’est la raison pour laquelle j’ai refait moi-même le calcul du budget par étudiant (qui était exprimé sous forme d’indice chez Piketty – source de mes calculs)3Si l’épisode 2 du vlog ne m’avait pas causé tant de difficultés, j’aurais également repris les calculs des séries déflatées – où l’effet de l’inflation est neutralisé.

Dans tous les cas, et même en pondérant avec les deux réserves mentionnées juste au-dessus, il me paraît assez clair que la situation budgétaire de l’université française s’est au mieux stabilisée, plus vraisemblablement dégradée, si l’on prend comme critère le budget par étudiant au cours des cinq dernières années.

160 000 étudiants supplémentaires à l’université en cinq ans

160 000 étudiants supplémentaires à l’université en cinq ans

La massification de l’enseignement supérieur masque une ouverture sociale à plusieurs vitesses selon les filières d’études, et une parité loin d’être atteinte partout.

www.lemonde.fr/campus/article/2018/01/05/160-000-etudiants-supplementaires-a-l-universite-en-cinq-ans_5238072_4401467.html

Par Olivier Simard-Casanova

Économiste et doctorant en économie, je suis le fondateur de L'Économiste Sceptique.

Bonjour, c'est Olivier – alias L'Économiste Sceptique 🙂

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