Qu’est-ce que… l’économie ?

Vaste question ! Et en même temps, pour un site de vulgarisation économique, n’est-elle pas des plus naturelles à poser ?

Vaste question ! Et en même temps, pour un site de vulgarisation économique, n’est-elle pas des plus naturelles à poser ?

Retrouvez la version vidéo sur YouTube de cet article ici.

Une question de richesses

Petit disclaimer : j’ai volontairement choisi de commencer par une définition très « matérialiste » de l’économie. Vous verrez dans les prochains articles de cette série que les frontières sont infiniment plus poreuses que celles suggérées ici.

Ceci précisé, voici une définition possible du terme « économie« , que l’on pourrait trouver dans un cours d’introduction à l’économie à l’université1Dans cet article je ne définis pas la science économique. Ce sera l’objet d’un futur article. :

L’économie est l’ensemble des activités de production et de distribution des richesses dans une société.

En quoi consistent ces activités de production de richesses et de distribution de richesses ?

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La production des richesses

Les activités de production de richesses sont de trois types :

  • production de produits agricoles et extraction de matières premières (secteur primaire)
  • production de biens (secteur secondaire)
  • production de services (secteur tertiaire)

Un paysan qui produit du blé produit des richesses – puisqu’il permet à la société d’avoir plus de blé à sa disposition. Une mine qui extrait du charbon produit des richesses – puisqu’elle permet à la société d’avoir plus charbon à sa disposition.

Une usine qui transforme le blé en farine produit des richesses – puisqu’elle permet à la société d’avoir plus de farine à sa disposition. Une centrale qui produit de l’électricité à partir du charbon produit des richesses – puisqu’elle permet à la société d’avoir plus d’électricité à sa disposition.

Un hôtel situé à proximité d’un lieu magnifique mais éloigné produit des richesses – puisqu’il permet à des touristes de venir s’émerveiller en le contemplant. Une école maternelle qui apprend aux enfants à lire, écrire et compter produit des richesses – puisqu’elle permet aux enfants qui en sortent d’être plus productifs (une fois leurs études achevées) et d’avoir accès à de nouvelles connaissances.

Et ainsi de suite.

Ces productions peuvent être assurées par des organisations privées comme les entreprises et les associations, l’État (pris au sens large) ou directement par les individus (dans le cas de la production domestique, ou des personnes qui travaillent en indépendants).

Quelle est la différence entre un bien et un service ?

Un bien est un produit physique alors qu’un service est immatériel.

En outre, un service est produit et consommé en même temps, alors que pour un bien, ces deux activités peuvent être séparées dans le temps. La farine peut ainsi être stockée quelques temps avant d’être utilisée pour faire du pain. Par contre, quand je vais à l’hôtel, la production et la consommation du service « nuit à l’hôtel » sont simultanées.

Cela étant, au-delà de ces deux différences (mineures), très souvent les économistes ne font pas de différence entre un bien et un service et ne les distinguent pas dans leurs recherches.

La distribution des richesses

Une fois que ces richesses ont été produites, qui en profite ? Ou, pour le dire autrement, comment sont-elles partagées ?

La règle consiste à partager ces richesses entre les personnes ou organisations qui ont participé, directement ou indirectement, à leur production. La définition de cette règle peut faire l’objet d’intenses luttes politiques.

Trois grandes catégories d’agents économiques se partagent les richesses créées :

  • les travailleurs, c’est-à-dire les personnes qui participent à l’activité de production par le biais de leur travail
  • les actionnaires, qui participent à l’activité de production en apportant des fonds
  • l’État (pris au sens large), qui participe (souvent indirectement) à l’activité de production en fournissant des services publics

(D’autres agents peuvent aussi percevoir une rémunération, comme les banques : celles-ci se substituent parfois aux actionnaires pour apporter des fonds.)

La rémunération des premiers s’appelle le salaire, la rémunération des seconds le dividende, la rémunération du troisième l’impôt.

Pourquoi ce partage des richesses ?

Travailleurs, actionnaires et État ont chacun de bonnes raisons de prétendre à capter une partie des richesses produites.

La manière dont les travailleurs participent au processus de production est facile à comprendre, puisque nous sommes soit des travailleurs, soit de futurs travailleurs. On comprend donc bien ce que l’on (va) apporte(r) à notre (futur) employeur, et pourquoi cela mérite une rémunération. Disons tout de même que ce que nous apportons est varié : il peut s’agir de notre temps, de notre force physique, de notre intelligence, de nos compétences techniques, d’autres choses encore, ou de toute combinaison de toutes ces choses.

Le cas des actionnaires mérite d’être un peu plus expliqué, surtout que c’est aujourd’hui un terme connoté négativement – ce qui fait qu’on entend régulièrement tout et n’importe quoi. Un actionnaire participe à l’activité de production en amenant des fonds, fonds qui servent à acheter des machines, construire des bâtiments, louer du matériel, etc. Puisqu’il prête une partie de son argent à l’entreprise, il semble légitime qu’il soit rémunéré pour cela : quand vous mettez vos économies sur un livret, vous vous attendez à percevoir un taux d’intérêt. C’est exactement la même chose ici.

Le cas de l’État mérite aussi d’être expliqué, car pour des raisons différentes un certain nombre d’hystéries circulent aussi à son propos. L’État participe aux activités de production en mettant à disposition des travailleurs et des actionnaires un certain nombre de services, les fameux services publics : par l’école, il permet de mieux former les travailleurs et de les rendre plus productifs. Par la construction et l’entretien d’un réseau d’infrastructures (routes, connexions haut-débit, etc.), il permet aux personnes, aux biens et à l’information de se déplacer facilement. Par l’entretien d’une force de police et de tribunaux, il assure un climat social paisible propice aux affaires. Et ainsi de suite.

Je ne suis pas ici pour juger

Quand j’explique le rôle des actionnaires, je ne dis pas que ce rôle est positif ou négatif. Quand j’explique le rôle de l’État, je ne dis pas que ce rôle est positif ou négatif. Je l’explique, et c’est ensuite à vous de faire (éventuellement) votre opinion.

Le Signal n’est pas un projet partisan, encore moins militant. Je me contrefiche totalement que vous soyez de gauche, de droite, ou sans affiliation partisane – pour ne rien vous cacher, je suis même très fier de savoir que parmi vous il y a des gens de tous les horizons politiques. La seule chose qui m’importe, c’est de vous permettre de mieux comprendre comment fonctionne l’économie.

La suite…

Maintenant que ces fondations ont été posés, les prochains articles du Wiki vont pouvoir bâtir des explications plus riches sur la manière dont fonctionne l’économie. Vous vous en doutez sûrement, on n’a fait qu’effleurer la surface et il reste encore énormément de choses à dire !

Le prochain article s’intéresse à ce qu’est la science économique. Intuitivement, on peut se dire que la science économique est la science qui étudie l’économie, mais est-ce réellement le cas ? La réponse est par ici !

Par Olivier Simard-Casanova

Économiste et doctorant en économie, je suis le fondateur de L'Économiste Sceptique.

Bonjour, c'est Olivier – alias L'Économiste Sceptique 🙂

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