[DataPol] Qui sera face à Emmanuel Macron dimanche ?

Pour la dernière mise à jour de DataPol avant le premier tour, les intentions de vote sont toujours aussi serrées. Emmanuel Macron est le seul à se détacher.

Pour la dernière mise à jour de DataPol avant le premier tour, les intentions de vote sont toujours aussi serrées. Emmanuel Macron est le seul à se détacher.

Emmanuel Macron remonte, Marine Le Pen continue sa baisse

Depuis une dizaine de jours, les sondages se suivent et se ressemblent – à peu près. La convergence entre les principaux candidats est toujours en cours, à l’exception notable d’Emmanuel Macron, dont le rebond déjà entamé se confirme. Il est aujourd’hui autour de 24-23%, selon les instituts. Je pense qu’il est assez raisonnable de penser qu’il se qualifiera pour le second tour (et emportera l’élection présidentielle deux semaines plus tard, car il est donné (parfois très largement) gagnant face à tous les autres candidats qui pourraient se qualifier).

Il y a deux, trois semaines (voire plus tôt encore), la question que tout le monde se posait était : qui sera face à Marine Le Pen au second tour ? Aujourd’hui, la question est plutôt : qui sera face à Emmanuel Macron au second tour ? Car outre la remontée de ce dernier dans les sondages, Marine Le Pen continue sa chute – à tout le moins, elle ne remonte pas. Elle est désormais comprise entre  21 et 22% d’intentions de vote. Cela la place en position d’être face à Emmanuel Macron, mais François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, malgré des scores plus faibles de deux à trois points (soit sensiblement dans la marge d’erreur), pourraient l’un ou l’autre passer devant elle dimanche soir.

J’ai publié un article mercredi dans lequel j’explore l’éventualité que Marine Le Pen ne soit pas au second tour. Pour l’instant, aucun institut n’a mesuré la remontée soit de François Fillon, soit de Jean-Luc Mélenchon, en deuxième place. Mais… je le répète depuis déjà un certain temps, il est envisageable que dans les tous derniers jours, une partie de l’électorat de droite, jusqu’ici réticent, se décide finalement pour François Fillon. J’ai donc tendance à penser que les intentions de vote actuellement mesurées en sa faveur sont un minimum, et je ne serai pas surpris que son score dimanche soit finalement plus élevé que ce qui est mesuré dans les sondages. De fait, il est loin d’être improbable que le second tour soit un duel entre Emmanuel Macron et… François Fillon. Si c’était le cas, ça serait un coup de tonnerre, et un échec retentissant pour le Front National.

Quid de la gauche ?

Dans l’absolu, Jean-Luc Mélenchon pourrait aussi affronter Emmanuel Macron dans un second tour assez étonnant (car peu l’auraient imaginé). Je suis cependant dubitatif, pour (au moins) deux raisons.

La première est liée au fait que la forte augmentation de Jean-Luc Mélenchon s’est accompagnée d’une baisse sensiblement équivalente de Benoît Hamon. Alors bien sûr, corrélation n’est pas causalité, mais on peut imaginer que la forte poussée des intentions de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon soit le fait de personnes ayant initialement en tête de voter pour Benoît Hamon et qui ont finalement changé d’avis. Cependant, Jean-Luc Mélenchon semble marquer le pas, ce qui suggère que cet exode est peut-être terminé.

La seconde raison est que je ne suis pas certain que Jean-Luc Mélenchon dispose de « réserves » importantes de voix. Il est très à gauche, plus encore que Benoît Hamon, et il n’a virtuellement aucune chance d’attirer à lui un électorat de centre-gauche (qui s’est, pour une grande majorité, probablement déjà décidé en faveur d’Emmanuel Macron). Contrairement à François Fillon, je doute de l’existence d’un « réservoir de voix » dans lequel il pourrait puiser pour se hisser au second tour. Je peux bien évidemment me tromper, mais je ne crois pas vraiment à un second tour Emmanuel Macron-Jean Luc Mélenchon au second tour.

Un petit mot, enfin, de Benoît Hamon : il est aujourd’hui autour de 8% d’intentions de vote, dans une dynamique très défavorable (dit autrement : son score continue de baisser). Certains au Parti Socialiste plaisaintaient à moitié en craignant que ce dernier finisse en-dessous du seuil de 5%, ce qui signifierait que l’État ne rembourserait pas les dépenses de campagne au parti (d’environ 14 millions d’euros). Le risque est loin d’être théorique, à ce stade, car je pense qu’il peut s’effondrer dans la dernière ligne droite, et voir son électorat s’éparpiller entre Jean-Luc Mélenchon et (surtout) Emmanuel Macron, dans un vote utile à la fois anti Le Pen et anti Fillon. Un tel effondrement constituerait un échec majeur pour le Parti Socialiste, même s’il paraît compliqué de voir en quoi la campagne de Benoît Hamon est un succès.

Emmanuel Macron contre… qui, au final ?

Mercredi, je disais que le scénario le plus probable à mes yeux était un duel entre Emmanuel Macron et François Fillon. Toutefois, à l’aune des dernières enquêtes, je vais un peu relativiser cette « prédiction », et prendre un peu de recul – pour la simple et bonne raison qu’il y a deux scénarios dont je pense qu’ils ont chacun sensiblement la même probabilité de survenir :

  • un second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen
  • un second tour entre Emmanuel Macron et François Fillon

Il n’est pas non plus impossible qu’Emmanuel Macron ne se qualifie pas au second tour, notamment si une partie non négligeable de son électorat ne va pas voter dimanche. Toutefois, il bénéficie d’un socle relativement confortable d’électeurs déclarants être sûrs de leur choix, et son positionnement centriste peut lui permettre de bénéficier d’un vote utile de gauche (déjà discuté un peu plus haut) et de droite (de tendance anti Mélenchon, même si j’ai le sentiment que François Fillon a réussi à se positionner comme un recours anti Mélenchon, et pourrait donc profiter lui aussi de ce vote utile). Par ailleurs, son avance, réelle mais ténue, est loin de garantir une victoire. Je doute que l’hypothèse d’une forte abstention de ses électeurs soit crédible, mais par prudence, mieux vaut la mentionner.

Bien évidemment, ces « prédictions » (restons modeste) font l’hypothèse que les sondages mesurent correctement les rapports de force politique. Des erreurs arrivent, mais on oublie aussi les cas où les sondages font de bonnes estimations (coucou à toi, ô biais de confirmation). Nous verrons dimanche soir si les sondages se sont trompés, ou si leurs mesures ont représenté de manière fidèle l’état de l’opinion dans cette dernière ligne droite1Il n’aurait aucun sens de comparer l’état de l’opinion il y a quelques semaines avec le résultat, puisque d’importants mouvements d’opinion peuvent avoir lieu..

En parlant de dimanche, je vous donne rendez-vous à partir de 19h45 pour un Direct texte sur DataPol à l’adresse datapol.fr/23avril (la page donne pour l’instant une erreur 404, mais elle sera bien en ligne le jour J à partir de 19h30). Il est peu probable que je mette en ligne les sondages du second tour, mais je continuerai très certainement à publier des articles.

À dimanche !

Crédit photo : « 15 minutes pour convaincre » (AFP)

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Par Olivier Simard-Casanova

Économiste et doctorant en économie, je suis le fondateur de L'Économiste Sceptique.

Bonjour, c'est Olivier – alias L'Économiste Sceptique 🙂

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